Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

applaudissaient, et les Italiens oubliaient qu’ils étaient dans le palais d’un Autrichien.

J’étais parvenu assez avant dans la galerie des Carraches, et je profitais des intervalles d’un quadrille pour en contempler les admirables fresques, quoiqu’elles fussent en quelque sorte noyées dans l’éclat des lumières, lorsqu’un personnage d’un aspect assez imposant passa à grands pas devant moi, et traversa la salle dans toute sa longueur. Il y avait quelque chose d’extrêmement arrogant dans sa tenue, et je me serais détourné avec les sentiments qu’excitent de pareils dehors, si je n’eusse remarqué les fleurs de lis de ses broderies, et l’ordre du Saint-Esprit sur sa poitrine. La nation et la cour auxquelles il appartenait évidemment m’intéressaient ; et, m’informant à un de mes amis, j’appris que ce n’était rien moins que « Monsieur le comte (maintenant duc) de Blacas d’Aulps, ambassadeur de sa majesté très chrétienne près le Saint-Siège ». Je le connaissais déjà de réputation, et le premier coup d’œil ne fut pas de nature à dissiper les préventions que je m’étais faites sur son compte. Organe de la première puissance catholique de l’Europe (sinon comme rang du moins comme civilisation) et représentant du fils aîné de l’Église, il ne peut