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la chaire des Apôtres ; enfin, jusqu’à ce que l’Italie soit tout à fait mûre pour les bienfaits de la concentration en un seul royaume, aucun Italien ne doit parler d’union, sous peine de haute trahison envers son empereur futur. Tout cela exige un sabre affilé, une main adroite, et une tête sage pour les bien diriger. À juger sur les apparences, je doute fort que le comte soit l’homme qu’on eût dû choisir pour cette politique.

Il est jeune, ou plutôt il n’est pas vieux ; et il a dans les manières une certaine élévation et un courage de jeunesse qu’il conserve, j’espère, dans sa diplomatie. C’est un Hongrois, et un militaire, et quoique je ne me soucierais pas du tout de lui confier les libertés d’une province conquise, je crois cependant qu’il emploierait le sabre de préférence au stylet, et qu’il aimerait mieux opprimer ouvertement que de trahir avec bassesse. Un mauvais système peut faire de lui un instrument de mal ; mais il a résisté à l’ultracisme de ses collègues, et la réception des Bonaparte dans son palais a été longtemps un sujet de scandale, et même de reproches, de la part de ses confrères les légitimes. Toutes choses considérées, c’est une image aussi douce de la divinité qu’il représente que l’Italie pouvait l’espérer dans le moment