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soit peu élargis, et que l’écarlate de ses joues avait pris une teinte plus foncée. Avec tout cela, quoique trop laid pour un sylvain, c’était encore le beau idéal comparé à Fuscaldi. Quand ce dernier rentre dans dans son repos, il a une certaine nonchalance, un far niente bienveillant, qu’un bal trop prolongé ou une conversation trop longue, convertirait bientôt en un sommeil pesant. Funchal, au contraire, est toute vivacité et tout feu ; il y a dans ses petits yeux noirs et scintillants une source intarissable d’activité, et il semble n’exister qu’en paroles et en mouvements. Il est universel dans son dévouement au beau sexe, jamais plus heureux que lorsqu’il reçoit ou rend un compliment ; et quoique mal secondé par la gravité ou la grâce dans sa façon de s’énoncer, ses phrases ont toujours cette espèce de charme que donne la politesse de cour, si commune sur le continent, et si rare en Angleterre. J’avais connu Condé autrefois, et je fus bien aise de le rencontrer de nouveau. C’était sa seconde visite à Rome et son retour pouvait être attribué autant à la partialité personnelle du pontife pour lui qu’à son nom illustre de Souza, et à son expérience bien reconnue dans le rituel des cours. Il avait été député, en qualité de ministre plénipotentiaire, pour féliciter Pie VII sur sa restauration, et la