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la grande place devant le palais déjà occupée par une longue file de voitures. Ce n’était ni l’heure, ni l’occasion de se former une juste idée de l’architecture ; mais l’éclat et la lueur scintillante des torches disposées en ligne le long de la façade, cérémonie dont l’aristocratie se dispense rarement, donnaient une extrême grandeur aux proportions larges, sombres et massives de ce chef-d’œuvre de Michel-Ange. Au bout de quelques moments, mon attention fut attirée par d’autres objets : les flambeaux qui se croisaient et se mêlaient, les cris des laquais diversement bigarrés, parmi lesquels on remarquait surtout les costumes plus fantasques que pittoresques des valets et des piqueurs des ambassadeurs ; la solennité ténébreuse de la cour du Palais, vue à travers la fumée et le tumulte des torches ; les Suisses annonçant au bas de l’escalier ; la magnificence du vaste escalier même ; tout se pressait rapidement et confusément devant mes yeux et mon imagination. Je traversai à grands pas la froide galerie ouverte, et j’arrivai bientôt à l’entrée de l’antichambre. Là étaient rangés les valets de pied, etc., dans tout le brillant de leurs pompeuses livrées. Affrontant leur double file et le feu croisé de leurs observations, je passai au grand salon.