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palais ; encore l’abandonnent-ils souvent, séduits par des offres tentantes, à l’avidité des étrangers. Il ne faut pas conclure de là que l’observateur soit tout à fait privé des occasions d’étudier à son aise les particularités caractéristiques du primo-ceto. La retraite, imposée par nécessité, non par choix, n’est pas absolue. Le cercle de l’ex-dynastie, dont tant de membres résident à Rome, offre aussi quelques chances bornées de communication ; et, quoiqu’il soit naturel de supposer que les habitués d’un pareil cercle doivent tous participer, plus ou moins, de la même physionomie politique, cependant on y rencontre parfois des specimen chez lesquels le caractère national et original domine le caractère acquis ; mais ces occasions sont extrêmement limitées. Les gens à la suite d’une cour, ou quêtant ses faveurs (et chacun ici est courtisan, soit qu’il possède, soit qu’il attende), ne se montrent pas d’ordinaire très empressés dans leurs attentions pour un parti rival ou déchu ; et si le voyageur s’en fiait aux soirées des Bonaparte pour juger la société de Rome, il pourrait quitter ce pays avec une opinion à peu près aussi juste que celle que prendrait de l’Angleterre ou de la France un homme qui, de chaque côté du détroit, n’aurait visité que les salons des whigs et des libéraux.