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qui donneraient des aliments, de l’argent, ou simplement un asile aux brigands ; il n’y avait personne d’excepté, pas même les parents au premier degré.

Le droit d’asile, si souvent aboli, rétabli ou modifié, a été l’un des plus grands encouragements donnés au brigandage. L’homme qui avait commis un meurtre, ou détroussé des voyageurs sur les grands chemins, se retirait dans le palais d’un cardinal, sous le portique d’une église, dans l’enceinte du quartier d’un ambassadeur, dans un couvent. Là, il vivait en toute sécurité, narguant les agents de la force publique et rançonnant les passants lorsque l’occasion s’en présentait. Des bandes de misérables des deux sexes se réunissaient ainsi, vivant dans une espèce de communauté crapuleuse, se livrant à la plus révoltante débauche et tenant école de gueuserie. C’étaient des assassins, des fratricides, des empoisonneurs, des incendiaires, des déserteurs, des voleurs, des moines chassés de leur couvent, etc., etc., qui se trouvaient pêle-mêle dans le même asile ; ils en sortaient furtivement, commettaient de nouveaux vols ou assassinats ; puis, au moment où on les poursuivait, ils rentraient dans le séjour qui assurait leur impunité.

Outre les asiles, beaucoup de palais de prélats, de princes, de seigneurs jouissaient