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qu’elle nourrissait et n’attendait que le moment où il serait en âge de l’aider à la satisfaire ; Rinalda voulait immoler le traître au pied de l’autel. Mais Peronti mourut de mort naturelle, et le désespoir qu’éprouva Rinalda de n’avoir pu se venger la précipita peu après au tombeau.

Barbone ne démentit pas son origine ; avec une troupe aguerrie, il se rendit l’effroi des voyageurs, notamment dans les environs de Tivoli, Palestrina et Poli.

Ce brigand, ayant parcouru le cercle de tous les crimes possibles, éprouva le besoin du repos ; et, à l’exemple de Sylla, voulut descendre du faîte du pouvoir. Il offrit au pape de déposer sa dictature, à la condition qu’on lui donnerait en dédommagement une indemnité et force absolutions ; le Saint-Père accepta ce traité ; Barbone lui envoya comme gage de sa foi les insignes de son autorité.

Lorsque ce célèbre bandit fit son entrée dans la capitale du monde chrétien, en 1818, la foule se pressait sur ses pas ; on trouvait un certain charme à pouvoir considérer sans danger celui qui avait été la terreur du pays. D’ailleurs, il y a toujours à Rome de l’indulgence, de l’intérêt même pour les assassins ; on reporte d’ordinaire sur le meurtrier la pitié qu’on devrait à sa victime ; explique qui pourra