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tement toutes les formes extérieures de la religion ; jamais lui et sa troupe n’auraient commis un vol ou un meurtre le vendredi ; ce jour, et à toutes les autres époques fixées par l’Église, ils gardaient fidèlement le jeûne ; tous les mois ils appelaient pour les confesser un prêtre qui, par terreur ou par tout autre motif, n’hésitait jamais à les absoudre.

Une femme avec laquelle Gasparoni entretenait des liaisons devint l’instrument dont l’autorité se servit pour détruire sa bande et s’emparer de sa personne ainsi que de quelques-uns des siens. La police romaine séduisit cette femme ; elle ne put résister à l’appât d’une récompense de six mille écus romains (32.400 francs) ; le brigand se laissa prendre au piège qu’elle lui tendit ; il vint avec confiance dans un bois désigné pour le rendez-vous, mais devinant bientôt qu’il était trahi par sa maîtresse, Gasparoni put encore l’étrangler avant que de tomber dans les mains des sbires. Ainsi cette malheureuse ne put jouir du fruit de sa perfidie.

Le Piémontais Rondino, désigné par le sort pour la milice, avait obtenu le grade de sergent, comme récompense de sa bravoure et de son intelligence. Le temps de son service étant fait, il revint au lieu de sa naissance, et débuta dans la carrière du