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pour les rendre indifférents aux crimes des autres.

Affronter tous les périls, supporter toutes les privations, endurer toutes les fatigues ; voilà l’existence habituelle des brigands. Ils dorment le plus souvent au fond d’un ravin, enveloppés dans leur manteau, n’ayant d’autre abri que la voûte du ciel. De là ces forbans de terre courent sur leurs victimes, les emportent dans leurs repaires, et les massacrent si elles ne peuvent payer la rançon fixée. Voilà le traitement réservé aux gens du pays. Quant aux étrangers, ils ne sont ordinairement que dépouillés, mais quelquefois de manière à rester nus sur la place. Le premier ordre que donnent les bandits aux voyageurs qu’ils attaquent, c’est de mettre le visage contre terre : faccia in terra.

Souvent une bande arrive à l’improviste au milieu d’un troupeau de moutons. Alors, si la faim est aiguisée, les voleurs ordonnent aux bergers d’en égorger un ou plusieurs. Immédiatement après, les moutons sont dépouillés, coupés en morceaux, que l’on fait griller au bout d’une baguette de fusil, et dévorés. Le pain et le vin arrivent par des moyens analogues. Durant le repas, les brigands ont généralement pour habitude d’occuper les bergers dont ils déciment le troupeau,