doivent encore être rançonnés, égorgés par les brigands dont sont infestés les domaines de l’Église.
Il faut l’avouer, le gouvernement, par sa conduite pusillanime et sa lâche condescendance envers les assassins, par les absolutions, les récompenses, les pensions, les emplois même dont il les gratifie, se rend leur complice. Que ferait-il de plus s’il voulait les encourager ? Un pape poussa l’oubli de toutes les convenances jusqu’à faire chevalier Ghino di Tacco, voleur célèbre, uniquement par admiration pour son courage.
Ces brigands, au surplus, ne ressemblent point au vulgaire des voleurs. Ainsi que je l’ai déjà dit, ce n’est pas toujours le besoin qui les jette dans la carrière du crime : c’est le hasard, l’oisiveté, et le plus souvent une vocation déterminée ; mais combien d’entre eux ne demandaient qu’un champ à cultiver pour ne pas se faire brigands !
Ils soumettent à un noviciat, à des épreuves sévères ceux qui aspirent à être agrégés à leur compagnie. Beaucoup possèdent une maison, du bétail, et sont mariés. Ils obéissent à un chef dont le pouvoir est absolu. Mais librement élu, ce chef peut être déposé et même mis à mort, s’il trahit ses compagnons ou s’il viole ses serments.