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ont régné le plus longtemps et qu’ils ont instrumenté d’une manière à la fois plus constante et plus méthodique. Là, ils ont une organisation, des privilèges, et l’assurance de l’impunité, s’ils parviennent à être assez forts pour intimider les gouvernements ; alors leur fortune est faite. C’est donc à ce but qu’ils tendent constamment, pendant tout le temps qu’ils exercent leur infâme métier. On se croirait encore à ces temps de barbarie où, en l’absence de tout droit, la force était le seul arbitre, le seul pouvoir reconnu. Quel gouvernement que celui qui en est réduit à trembler devant une poignée de malfaiteurs ! Vingt ou trente hommes suffisent pour répandre l’épouvante dans tout un pays et pour mettre en campagne tous les carabiniers du pape !

La ville et le territoire de Brescia étaient renommés autrefois pour le grand nombre d’assassinats qui s’y commettaient ; il y en avait communément deux cents par année. De nos jours, la police militaire française, puis les baïonnettes autrichiennes ont fait cesser cet état de choses.

On se souviendra longtemps en Calabre de la lutte que les Français y soutinrent pendant une douzaine d’années (1797 à 1808). Les brigands, encouragés par les Anglais, furent d’abord le noyau de l’in-