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du peuple, commence, dès l’âge de neuf ou dix ans, à chercher des dots. Sa mère a soin de la conduire à l’église où entend la messe le cardinal ou autre personnage qui dispose des dots. Au sortir de cette messe, la jeune fille va à celle de quelque fratone, moine en crédit auprès de l’homme puissant ; la mère ne manque pas de se lier avec ses domestiques. Pour peu qu’elle ait d’aisance, elle les invite à dîner les jours de grande fête. Si elle est épicière, au bout d’un an ou deux, elle prend la liberté d’envoyer un cadeau de chocolat au secrétaire de celui dont dépend l’obtention de la dot, etc., etc. Le fait est que, dès le premier mois que cette espèce de cour se déclare, elle est connue du haut personnage qui en est l’objet. Quand enfin, arrivée à seize ou dix-sept ans, la jeune fille se marie, elle apporte à son heureux époux deux ou trois dots, quelquefois même davantage, et de plus beaucoup de connaissance du monde.

Il faut aussi vous dire quelque chose des mariages obligatoires et de ceux volontaires ; c’est un des plus criants abus.

Un jeune amoureux reçoit un rendez-vous ; les parents de la belle, assistés d’un prêtre et d’un notaire, surprennent les amants ensemble ; le jeune homme doit opter entre la prison et le mariage ; son