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jeunes paysannes me saluent aussi fort amicalement. Je m’enquiers de mon petit domestique, de ma manière de passer mes soirées ; je demande si je n’avais point de maîtresse. Hélas ! non ! mon ménechme a eu la constance de s’ennuyer ici vingt-six soirées de suite, sans se mêler à la société, car il y en a pourtant en Italie. J’ai été présenté à la paysanne qui me louait mon logement, à celle qui me faisait à dîner et dont la sœur venait d’avoir le malheur de perdre sa petite fille Mariaccia, celle que j’aimais tant.

J’ai voulu, au milieu de tout le village rassemblé autour de moi pour me faire fête, essayer de renier mon nom ; impossible. Tout le monde me criait : « Vous voulez rire, seigneur Stéfano. » J’ai passé trois heures au milieu de ces bonnes gens, que j’ai régalés de vin blanc et de saucisses sentant l’ail d’une lieue. Jamais, quoi que j’aie pu faire, il ne m’a été possible de faire naître le moindre doute sur mon identité. Enfin, mon petit domestique m’a reconduit à Terni, où je ne suis arrivé qu’à six heures du soir, en péchant le long de la rivière. — Il parait que mon ménechme est un homme excellent ; je me suis diverti avec ces paysans qui me traitaient d’une manière si intime ; je me suis enquis de tous les détails possibles sur la vie qu’ils