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dans ma vie. Je laisse à mon domestique le soin de chercher un logement. Pour comble de bonheur, je vois une calèche attelée de deux chevaux très vifs ; c’est un fiacre. Irai-je au Colisée ou à Saint-Pierre ? Que préférerai-je de l’architecture antique rendue encore plus grandiose par les injures des siècles, ou du chef-d’œuvre de la religion chrétienne et de l’architecture moderne ?

Je dis : au Colisée. — Je traverse toute cette magnifique rue du Corso, la rue de l’Europe qui a le plus de style. Je vois la colonne Trajane et la superbe basilique déterrée par Napoléon ; je traverse le Forum romain. La crainte d’être confondu avec nos petites femmes, jouant toujours la comédie, m’empêche presque d’écrire combien mon cœur battait en entrant au Colisée et en me trouvant au milieu de cette vaste solitude. — Chant des oiseaux perchés sur les buissons qui couronnent les ruines des étages supérieurs. J’ai passé une heure dans cet attendrissement extrême, dont on a honte de parler, même aux amis les plus intimes. Je monte aux étages supérieurs du Colisée. — Vue admirable de la pyramide de Cestius, à travers les arcades ruinées. Me voici au troisième étage du Colisée ; vue au delà des jardins des moines de San Pietro in Vincoli. Voilà le sublime