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détacher. Je n’ai jamais rien vu d’approchant, et cependant j’ai bien couru l’Europe.

Rome est entourée d’une muraille qui est, en architecture, ce que la campagne voisine est pour le paysage. Ce mur, bâti, relevé, réparé par vingt hommes célèbres, entre autres par Bélisaire, a cinquante pieds de haut sur huit à dix pieds d’épaisseur. J’arrive à une niche dans ce mur ; au fond de la niche est une porte : c’est la célèbre Porte du peuple, arrangée par Michel Ange. Cette porte, et l’entrée dans Rome, qui la suit, sont fort au-dessous de leur réputation ; cela est plein de petitesse. Je trouve une attention bien aimable de M. le cardinal Lante. Le pauvre étranger qui arrive à Rome est impitoyablement conduit à la douane, pour la visite de ses effets. Pour peu qu’il y trouve deux ou trois voitures arrivées avant la sienne, on le retient quatre ou cinq heures, et bien loin de l’enthousiasme divin, ses premiers moments dans la ville éternelle se passent en mouvements d’impatience contre les douaniers.

En présentant mon passeport à la porte du Peuple, on m’a dit : Êtes-vous Monsieur G… ? — Oui. — Voici une autorisation de faire visiter vos effets chez vous. J’ai eu peu de débarras aussi agréables