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qu’elle a fait son confesseur archevêque. Ce peuple-ci est à genoux devant le pouvoir mais comprenez-moi bien, devant le pouvoir réel, et pas du tout devant l’aristocratie ; c’est l’effet du despotisme. Le valet de chambre du Pape, s’il a du pouvoir sur son maître, est plus respecté que le prince Borghese, le plus riche des princes romains ; il a douze cent mille francs de rente. Mme la comtesse Apponyi eut l’idée, la saison dernière, de jouer une comédie française. Elle y admit beaucoup de dames anglaises, plusieurs Français et pas une dame ni un cavalier romain. Qu’arriva-t-il ? rien de plus triste que la représentation de la comtesse Apponyi. Les Romains en firent des gorges chaudes dans leurs soirées particulières.

Je conclurai de l’esquisse des mœurs romaines que je viens d’essayer, qu’un Anglais riche qui arrive à Rome doit affecter beaucoup de politesse envers les Romains, placer le buste de Lord Byron dans son salon, se faire présenter dans la société romaine, être fort poli avec les artistes, acheter chaque mois pour vingt louis de petits tableaux aux peintres romains et, enfin, donner, une fois par semaine, un dîner où l’on prierait toujours sept à huit Romains. Après trois ou quatre mois de cette conduite, on sera