Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les Anglais et quelques Russes. La feue duchesse de Devonshire et le duc de Devonshire sont les seuls Anglais, à ma connaissance, pour lesquels les Romains aient fait exception à la haine profonde qu’ils portent aux Anglais. Il y a à Rome plusieurs peintres remplis de talent : MM. Léopold Robert, Schnetz, Cornélius, Weiss, etc. Un Anglais que je pourrais nommer va chez un de ces messieurs, marchande un petit tableau. — Quel est le prix ? Quarante louis. — Monsieur, combien avez-vous mis de temps à le faire ? — Douze jours. — Eh bien, monsieur, je vous en donne cent quarante-quatre francs ; il me semble que douze francs par jour c’est assez payé !

L’artiste, indigné et humilié, retourna son tableau contre le mur, tourna le dos au riche Anglais et alla se remettre à peindre. Le soir cette anecdote, racontée au café de l’Académie de France, fit éclater les réflexions les plus sévères sur le caractère anglais, que l’on mit en contraste avec celui du prince royal de Bavière, être assez ridicule, mais qui traite tout le monde et surtout les artistes, avec la politesse parfaite qu’il a apprise de son père, le plus aimable des hommes. Lorsqu’il était à Rome, le prince royal de Bavière adressa aux artistes allemands une pièce de vers,