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les plus offensants, le caractère anglais ?

Un Anglais oserait-il offrir deux pence and a half (cinq sous de France), au concierge de l’Hôtel de Ville de Cambridge, qui lui aurait montré un tableau célèbre ? L’on me dira : dans la foule immense des Anglais qui inondent l’Italie, il y a des gens des classes inférieures de la nation. — J’ai prévu cette objection. L’Anglais qui a donné cinq sous au portier de Velletri, les deux Anglais qui sont allés chez l’armurier, sont fort riches et appartiennent à la classe distinguée de la nation ; ce sont des gens comme il faut. Veut-on connaître le mal, le voici : les Anglais croient qu’il leur est permis de se conduire en Italie, comme ils n’oseraient pas se conduire à Londres.

On peut battre un ouvrier de Florence, il s’humiliera ; Florence, depuis Cosme II[1], est un pays d’aristocratie. On peut battre un ouvrier français ; s’il a servi, il vous proposera un duel. On citait, l’année dernière, un cocher de cabriolet qui, frappé par un officier russe, avait tiré la croix de la Légion d’honneur de sa poche, l’avait arborée froidement à sa boutonnière ; cela fait, avait donné un soufflet à l’officier insolent. Il y eut duel au pistolet et le

  1. 1590-1821.