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le principal orateur au palais Fiano, va régulièrement trois ou quatre fois par an en prison pour quelque atteinte aux bienséances morales ou politiques qui lui échappe dans la chaleur de l’improvisation. Il y serait encore plus souvent envoyé, sans le directeur, qui a soin de payer les deux ou trois espions chargés par la police de surveiller les représentations des fantoccini, et de rapporter les indiscrétions impromptu dont ils peuvent se rendre coupables. Ce directeur, homme sage dans son espèce, au lieu de graisser la patte à ces argus après la représentation, le fait d’avance, en sorte qu’ils sont généralement à moitié ivres au lever de la toile. Une autre circonstance non moins curieuse, c’est que le directeur de ce théâtre et son associé, qui est un charpentier, font chaque nuit leurs comptes, et satisfont à toutes les demandes, comme si l’entreprise était finie. Je me suis laissé dire que leur profit net, une soirée dans l’autre, était d’environ quarante francs à chaque représentation. Girolemo, directeur du théâtre des fantoccini à Milan, est mort il y a peu de temps, après avoir amassé une fortune de trois cent mille francs ; il est vrai qu’il la dut en grande partie à l’excellence de ses ballets. Il eût fallu voir, pour y croire, le degré de grâce