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revêtu des habits écarlates d’un cardinal, on pleurait à force de rire. La société présente n’était composée que de dix-huit personnes, dont quelques-unes dirigeaient les mouvements des marionnettes et parlaient pour elles. Je remarquai avec plaisir que le seul manque de respect envers la personne du pape, dans cette occasion, était de l’avoir représenté ainsi en miniature : le rôle qui lui est assigné dans la pièce n’est nullement ridicule, on peut même dire qu’on le flatte sur son énergie.

Voici la manière dont ces comédies sont montées : le plan de l’intrigue, ou le canevas est concerté d’avance par les acteurs, ou pour mieux dire par ceux qui parlent pour les marionnettes. L’intrigue, ainsi arrangée, est écrite, et on en met une copie vis-à-vis chacun de ceux qui parlent derrière la scène ; ce sont de jeunes femmes qui prêtent, leur voix aux personnes femelles. La dernière fois que j’allai au palais Fiano, étant arrivé fort tard, je ne trouvai de place que dans une encoignure, tout près de la scène, d’où je ne pouvais éviter de voir la jeune fille qui parlait pour l’héroïne de la pièce ; cela détruisit sur le champ toute illusion. J’abandonnai bientôt ce théâtre, mais avant de quitter ma place, je ne pus m’empêcher d’être frappé des gestes de cette jeune personne,