l’accomplir au milieu de la licence des Bacchanales. Temisto, quoique saisie d’horreur à la proposition de détruire son propre fils, feint d’y consentir, de peur que la reine ne confie cette exécution à d’autres mains. Il serait trop long de suivre en détail le développement de cette tragédie. Le fond du sujet et la manière dont l’action se noue m’ont rappelé la Mérope de Voltaire. J’ajouterai seulement que, dans la dernière scène, l’émotion des spectateurs fut portée à son comble, et que j’ai vu rarement, pour ne pas dire jamais, couler des larmes aussi vraies et aussi abondantes à une représentation tragique donnée par des acteurs de chair et d’os.
Après vous avoir parlé des fantoccini tragiques et comiques, je terminerai cette lettre, beaucoup trop longue, par quelques mots sur les fantoccini satiriques. Ayant rencontré ici une charmante famille que j’avais intimement connue à Naples sous le règne de Murat, je fus invité à une représentation particulière d’une comédie satirique dans le genre de la Mandragora de Machiavel. Dans cette pièce, les mœurs actuelles de quelques grands de Rome sont retracées avec une fidélité étonnante. Dès la première scène, on se rappelle les proverbes français de Carmontelle, et l’admirable vérité avec laquelle cet écrivain,