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connu à Ferrare, quarante ans auparavant ; elle lui rappelle qu’il lui fit alors la cour sans succès. Cassandrino quitte la chambre tout confus et se sauve dans l’atelier du peintre ; mais il revient bientôt suivi d’un groupe de jeunes artistes qui font pleuvoir sur lui un millier de plaisanteries. Le peintre arrive, et après avoir fait sortir ses élèves, il a un long entretien avec Cassandrino, qui tremble de tout son corps que l’affaire ne devienne publique. Cette nouvelle allusion n’est pas perdue pour la sagacité d’une assemblée romaine. Le peintre, après s’être amusé de l’embarras de Cassandrino, finit par lui dire : « Vous êtes venu ici prendre des leçons de peinture ; bien, je vous en donnerai quelques-unes, et je commencerai par le coloris : mes élèves vont vous déshabiller et vous peindre le corps en bel écarlate et quand vous aurez la robe que vous désirez, je vous promènerai d’un bout à l’autre du Corso. » Cassandrino, tout hors de lui-même à l’idée d’une telle promenade, consent à épouser la vieille tante qu’il avait courtisée jadis à Ferrare ; il s’approche ensuite sur la pointe du pied, et dit en aparté à l’assemblée : « Je renonce à l’écarlate, mais je deviendrai l’oncle de l’objet que j’adore, et puis… » Ici il prétend qu’on l’appelle dehors, fait un profond salut à l’assemblée