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dire le même degré de liberté dont on jouit dans la Pensylvanie. Ces fils de la liberté détruiront en deux ou trois campagnes, s’ils le veulent, les plus grands pouvoirs exercés par le despotisme.

Il est dix heures. Le spectacle devient plus sublime à chaque instant. La lune plus claire brille au milieu d’un ciel étincelant. Je n’ai, d’autre arme que mon poignard. Sans doute, les paysans revenant de la fête de la Madone, trouvant un signor (un monsieur riche) en si belle position, n’hésiteraient pas à me jeter à la mer… Je m’en vais.


9 septembre.

Je rentrais hier soir à Recco, à onze heures. À un mille de distance j’entendis le bruit du fifre et de la clarinette. Le village était richement illuminé. Je trouvai les dames dansant. L’on me gronda sérieusement de mon imprudence. Une dame qui m’avait fait des agaceries toute la route, me força à danser des monférines. Nous avons dansé jusqu’à deux heures du matin et ensuite soupé.

Aujourd’hui, j’ai presque honte de ce que j’écrivais hier soir au crayon, sur mon agenda, et encore plus des sentiments qui m’agitaient et que je ne savais comment