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Rivages de la mer[1]


Recco, 8 septembre 1818.



Il y avait une fête de la vierge à Recco[2]. J’y suis allé avec les petites filles de l’ancien doge S…, qui ont été élevées en Flandre, dans un couvent dont ma tante était abbesse. Nous étions dix montés sur des ânes ; nous nous faisions spectacle à nous-mêmes par cette petite route toujours en corniche sur la mer et qui monte ou descend sans cesse pour passer les promontoires dont les vagues ont ruiné le bout. Gaieté folle, à l’italienne, sans nulle affectation. Je profite de cette liberté pour quitter la troupe en arrivant à Recco ; je suis à pied le rivage de la mer ; j’ai regret de n’être pas né en Italie.

Quoi de plus insensé que de laisser empoisonner son âme par des événements qui ont eu lieu parce qu’il devaient arriver… !

  1. Si l’on comprend bien les notes elliptiques placées en marge de ces pages : elles auraient été écrites en décembre 1818, et tirées de l’Eclectic Review, august 1818, N. D. L. É.
  2. À seize kilomètres de Gênes. (Note de J. de Milty qui le premier, mais très infidèlement, a publié ce fragment.) N. D. L. É.