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Christianisme[1]



Jécrivis ce qui suit à Bologne à une heure du matin le… 1817. Le cardinal Lante qui vient de mourir d’une maladie de jeune homme et qui était adoré à Bologne où il était despote (légat) et où il tâchait de conserver quelques usages de l’administration de Napoléon venait de dire devant moi à l’ambassadeur H… :

« Le christianisme tel qu’il est aujourd’hui n’est que l’intérêt du Pape mêlé à un haut degré à l’intérêt de la religion. Votre Excellence sait que je n’ai nul intérêt à tout cela, j’ai accroché un bon lot, je suis aimé de mes sujets, et je mourrai longtemps avant la chute de ma dignité ou de ma place. D’ailleurs on sait que je ne crois pas un mot de tout cela. Moi, bien désintéressé par ce libre aveu, je prendrai la liberté de vous raconter une longue conversation dogmatique que j’eus à Rome dernièrement avec ce coquin de Cardinal M… que bien connaissez. Il me disait un jour et je pense de bonne foi : je crois,

  1. Écrit les 22 et 23 novembre 1818.