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Je vois un de mes amis intimes, homme très instruit et de très bonne foi, ne pouvoir croire à la parfaite indifférence des Français. « Que m’importe l’existence de votre Dieu de la Bible, vous dites qu’il est juste, eh bien, si demain il me parlait du haut d’une nue je ne changerais pas un iota à ma conduite. »

Mais les raisonnements les plus simples n’ont aucune influence sur les Anglais instruits. Outre les terreurs de la Bible qui dès leur enfance sont déposées au fond de leur cœur et qui ne sont jamais neutralisées par l’agréable sacrement de la Pénitence, leur logique écossaise qui a beaucoup de rapports avec les rêveries de Kant les rend insensibles au choses les plus palpables. Ils lisent Pindare et Lucrèce avec la même facilité qu’un Français lit un journal, mais Tracy et Helvétius sont pour eux ce que le grec de Pindare est pour nous.

Si l’on a le moindre doute sur cette éducation hébraïque et atroce du caractère anglais, on n’a qu’à faire un peu de conversation avec les sectaires qui pullulent en Angleterre et en Amérique par exemple les Harmomites et les Shakers[1].

Par surplus examiner la conduite farouche de la populace anglaise, et lire cent

  1. Voyage de Blrkbeck aux États-Unis, page 135.