Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Aimez votre malheur, aimez vos tyrans qui ne sont vos tyrans que parce que votre main gauche se bat contre votre main droite. » Il faut donc infiniment plus d’esprit pour soutenir une opinion ultra que pour une opinion libérale. On peut commander ce despotisme par la terreur, rien de plus simple. Le Dey d’Alger s’en tire fort bien. Mais persuader le despotisme voilà ce qui me semble le chef-d’œuvre de l’esprit humain.

Enfin remarquez que sur le Continent un homme qui a gagné cent mille francs autrement que par le jeu ne méprise plus qu’à demi les Lettres et les Arts. Que sera-ce d’une nation où tout le monde fait le commerce ? On voit pourquoi l’esprit en Angleterre passe pour ne pas s’accorder avec la dignité.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le grand défaut de la forme de liberté inventée depuis 50 ans (le gouvernement représentatif) c’est l’état d’anxiété où il plonge, si ce n’est la masse du peuple au moins toute la classe éclairée d’une nation.

Peut-être cette anxiété tient-elle beaucoup à l’hérédité de la chambre des pairs. Un homme né pair et riche est plus probablement médiocre que le fils de son fermier.

no 28 page 334.