Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans l’Inde (famine de M. Hastings I[1]). Enfin, après avoir entr’ouvert à la liberté les yeux de l’Europe, elle la perdit pour elle-même vers 1794, sous un roi sans vertus et par un scélérat habile et orgueilleux (M. Pitt). En 1814, après Waterloo, il devint impossible à un pair, et même à un homme riche quelconque, d’être libéral[2].

Elle eut encore quelques habitudes de liberté jusqu’en 1830, mais depuis longtemps le bonheur avait entièrement disparu du sein d’un peuple sombre, religieux, féroce et travaillé par des lois monétairement atroces.

Alors éclata une révolution sans exemple par le nombre des massacres.

L’Amérique, avec une population double de celle de l’Angleterre, et une position bien autrement inattaquable que la Russie, réduisit facilement sa superbe rivale au rang de puissance du troisième ordre.

Elle est maintenant heureuse sous un roi constitutionnel par force, qui meurt d’envie d’être absolu, mais qui n’y parviendra jamais[3].

  1. Œuvres de Burke.
  2. Changements dans les prix de ferme.
  3. Il y a cinquante ans que Gover, à mes yeux le meilleur historien de l’Angleterre, prédisait tout cela : A refractory people presuming still on an imaginary superiority, yet obstinately blind to its own defects, and weakness… laws being forced… the corruption of a servile and dependant