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Georges IV fait des concessions et les fait de bonne foi, il n’aura pas le sort de Louis XVI. Mais aussi les Anglais seront moins solidement libres que s’ils arrachent la liberté par une fièvre ardente de quinze ou vingt ans.

Malheureusement pour leur orgueil, l’Amérique aiguisera des armes et va venger l’Europe des larmes de sang que Pitt et C[obourg] lui ont fait répandre. Le nom seul de l’Amérique fait pâlir ces lords si riches et si insolents et si inhumains. (Les pontons et le sort des ouvriers de Manchester ; au fond de ces deux mots, il y a plus de froide cruauté que dans tout Robespierre.)

C’est à cause de cette imminente Révolution et de la farouche cruauté des basses classes, nourries de la lecture de la Bible et des massacres hébreux, que beaucoup d’Anglais achètent des terres en France.

On parlera ainsi de l’Angleterre en 1880 :

Elle fut libre, sans savoir comment, en 1688. Elle eut les habitudes et non les lois de la liberté, vers 1720[1].

Elle avait déjà perdu ses vertus vers 1780 et le prouva par son infâme guerre d’Amérique[2]. Elle n’eut même plus de pudeur vers 1790 et le prouva par sa conduite

  1. Montesquieu parle de l’Angleterre comme un amant de sa maîtresse, avec une extrême déraison.
  2. Œuvres et Vie de Franklin.