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et une quantité de momeries religieuses[1]. Le point capital, c’est que, quelque péché qu’on fasse, en s’en confessant, il n’en reste pas de trace. Elles entrevoient la conduite de leur mère ; on les marie ; elles se trouvent enfin délivrées du joug, et, [si elles sont jolies], de la jalousie de leur mère. Elles oublient, en un clin d’œil, toute la religion, et [considèrent] tout ce qu’on leur a dit comme des choses excellentes, mais bonnes pour des enfants.

Les femmes ne vivent pas ensemble ; la loge de chacune d’elles devient une petite Cour ; tout le monde veut obtenir un sourire de la reine de la société ; personne ne veut gâter l’avenir.

Quelque folie qu’elle dise, dix voix partent à la fois pour lui donner raison ; il n’y a de différence que par le plus ou moins d’esprit des courtisans. Il n’y a qu’un point sur lequel elle essuye des contradictions ; elle peut dire qu’il est nuit en plein midi ; mais si elle s’avise de dire que la musique de Paer vaut mieux que celle de Rossini, dix voix s’élèvent pour se moquer d’elle. Du reste, toutes les parties de campagne, tous les voyages

  1. Rien de plus opposé que le christianisme de France et la superstition de Naples. Autant nos prêtres sont éclairés, vertueux, sincères, autant la conduite des autres est peu exemplaire.