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Florence.

Je remarque avec attendrissement dans le jardin demi-anglais de Boboli une jolie famille vêtue de noir, c’est madame la maréchale Ney et ses fils.

La conduite du maréchal ne fut pas celle d’un homme délicat, d’un courtisan de Louis XV, mais l’épouvantable événement de la mort du héros du Borysthène couvre tout, efface tout. Le marquis C. observe fort bien qu’il faut toujours en revenir au grand principe. Le cerveau de l’homme n’a qu’un nombre déterminé de cases, c’est parce qu’un grand homme est sublime dans un genre qu’il n’est sublime dans les autres. Discussion sur le caractère de divers maréchaux de France. Le marquis nous raconte qu’au milieu des horreurs de la place Louis XV, le soir du malheureux feu d’artifice qui annonça le règne de Louis XVI, on dit que le maréchal de Richelieu eût une telle peur qu’il s’élança hors de sa voiture et s’écriait d’une voix piteuse : « Est-ce qu’on veut laisser périr un maréchal de France ? N’y a-t-il personne pour secourir un maréchal de France ? »
Ed[inburg] R[eview], no 10 page 337.