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qu’on ne peut réformer un état que par l’éducation. La sienne s’était achevée à Paris, il aurait dû trouver un prétexte pour y envoyer cent jeunes gentilshommes de douze ans. Il eut les défauts des âmes faibles et cependant la Lombardie doit le bénir à jamais, ainsi que son maître Joseph II. Ces deux hommes médiocres ont la gloire d’avoir rendu le catholicisme plus raisonnable en Lombardie qu’il ne l’est dans le reste de l’Italie. Ils supprimèrent beaucoup de couvents, mais ils permirent aux moines de piller leurs maisons avant que d’en sortir, et l’on cite encore des dames dont les diamants viennent de quelque madone. Joseph II et le comte de Firmian ôtèrent aux nobles leurs privilèges comme ordre. Tout ce bien là se fit lentement, timidement, et par des voies détournées. Mais il se fit. Pourquoi ces deux hommes ne mirent-ils pas les deux chambres à Milan ? D’abord l’art du gouvernement représentatif n’était pas encore inventé, et en second lieu l’eût-il été, ces deux hommes n’étaient pas assez amis de l’humanité pour l’adopter. Ils voulaient bien exercer honnêtement pour l’avantage des hommes leur autorité absolue, mais ils voulaient la conserver sans songer que Marc-Aurèle eut pour successeur Commode. Ils auraient dû au moins