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Par exemple la Lombardie était encore pervertie par les institutions de l’exécrable Philippe II. Les pratiques superstitieuses, les préjugés domestiques, une arrogante pédanterie[1] y étouffaient encore les génies dont la nature fut toujours libérale envers la belle Italie. L’imitation mécanique des phrases de Cicéron s’y appelait et s’y appelle éloquence. Les disputes scolastiques s’y appelaient logique. L’indigeste rapsodie des opinions des légistes s’y appelait la science des lois. L’homme qui avec le moins d’idée avait le plus de mémoire passait pour le plus savant. On ignorait jusqu’aux découvertes en histoire naturelle, science dont la Lombardie était destinée à reculer les bornes par ses Volta, ses…[2] et ses Brochi.

À cette époque le gouvernement autrichien sans protéger les études commença à être tolérant, et cette bienheureuse inertie suffit, tant le génie italien est fait pour les grandes choses, suffit, dis-je, pour qu’une foule d’hommes illustres se développassent à l’instant.

Vers 1760 la maison d’Autriche ordonna à Milan à une abbaye de Citeaux

  1. J’emprunte les paroles de M. Pietro Castodi, l’un des philosophes les plus judicieux qui honorent en ce moment la ville de Milan.
  2. En blanc dans le manuscrit. N. D. L. É.