Page:Stendhal - Molière, Shakspeare, la Comédie et le Rire, 1930, éd. Martineau.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
MOLIÈRE

de quelque manière ridicule les jugements du journaliste.

Et quelques rognures de l’homme de lettres, les femmes savantes intriguant pour donner une place à l’Institut.

Il y a des arts qui pour avoir un langage ont besoin d’admettre une certaine quantité de fausseté pour exister comme arts. Par exemple, les ballets de Vigano supposent que toutes les fois qu’on a une passion, un désir, on l’exprime par des signes extérieurs, autres que la physionomie, et des signes très forts. Cela seul fait que le ballet peut peindre très peu de passions, et encore très grossièrement.

De même, dans la peinture, il faut que les saints aient toujours leur costume, par exemple comme dans le tableau de Tintoret que je voyais hier matin, les saintes qui ont été Reines ont toujours la couronne sur la tête.

Dès qu’en peinture on emploie des signes faux, il convient que le sublime de l’expression croisse dans le même degré de pureté. Le portrait de M. Lebrun, inventé quant aux accessoires par Busch, me semble ridicule par cela. Il y a de la fausseté à ce qu’il soit environné de tout ce qu’il était, étant en simple habit, et avec l’expression de la bonhomie. L’extrême de ce genre