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LES FEMMES SAVANTES

Mme  Dubocage et Mme  de Graffigny avaient un peu de ridicule.

Mme  de Staël peut désirer d’être regardée comme un grand caractère. Je suppose que ce fut le but d’une autre Suédoise, l’abdiquante Christine.

Mme  Necker me semble avoir été un ambigu de femme savante-pédante, de prude et d’ambitieuse.

Donc Mme  de Staël peut avoir les ridicules :

1o De se trouver inconnue quand elle se croit l’objet des regards du public ;

2o Quand elle croit avoir inspiré par sa conduite la vénération, se trouver l’objet des plaisanteries de tout le monde. Supposons Christine assistant incognito au souper de Louis XIV, Guillaume III, Victor-Amédée, Malborough, le Prince Eugène, etc., étant venue là pour s’entendre louer et se trouvant accablée de plaisanteries par le Prince Eugène qui était bien piémontais, bien fin, bien caustique, bien traître.

3o Mme  Necker croyant servir l’ambition qu’elle avait pour son mari, par l’affiche de ses connaissances littéraires. Elle est dans un salon de la Cour où elle découvre que ce genre de connaissance lui a nui infiniment auprès des gens de la Cour qui influent sur le choix des ministres ;