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MOLIÈRE

2o De la femme poète ? de Mme  de Staël par exemple ?

3o Quels sont les ridicules des savants et des poètes masculins, qui peuvent leur convenir ? Principe : rappelons-nous bien qu’aucun être ne peut être ridicule par sa passion, car c’est une manière de chercher le bonheur et je suis seul juge compétent de ce qui me rend heureux ou malheureux. On ne peut être ridicule que par l’effet qu’on croit produit par sa passion : ici il peut y avoir désappointement.

On ne peut donc pas rendre ridicule la femme qui aime les lettres pour les lettres, celle qui s’enferme dans son boudoir pour lire les tragédies de Schiller, pas plus que celle qui s’y enferme pour se br… ou pour mâcher du morin. Comment faire voir aux spectateurs qu’elles se trompent dans cette manière de chercher le bonheur ? On peut seulement les peindre comme singulières, ce qui inspire l’intérêt de la curiosité comme le caractère du juif Shylock, dans le Marchand de Venise, qui veut couper en vertu de son contrat une livre de chair à Lothario ; mais cela ne fait ni rire ni pleurer.

Mme  de Staël peut désirer que le public la regarde comme un génie créateur. On voit dans les mémoires de Collé que