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LES FEMMES SAVANTES

conseils à son mari, de l’amuser et même de le suppléer, s’il vient à mourir, pour la conduite de la fortune. Une femme qui lit Don Quichotte et Tom Jones n’est-elle pas plus propre à diriger une famille que celle qui fait dix paires de bas et quatre fauteuils par an ?

Le caractère de Femme savante ne me paraît donc pas susceptible d’un véritable[1] ridicule, comme par exemple le caractère de l’homme qui ne veut pas être cocu, Arnolphe de l’École des femmes.

2o Exécution. Molière aura recours aux excès de caractères. Les meilleures choses sont susceptibles d’abus. Il donnera donc aux femmes savantes quelques ridicules des savants masculins, mais il ne leur donnera pas des ridicules provenant de la qualité de femme réunie à celle de savant.

Ici Molière voudrait rendre ridicule aux yeux de tous, et d’une manière très aisée à comprendre, un mal moral (selon lui) qui consiste à ce qu’une femme soit savante[2].

Or quelles sont les positions ridicules de la femme :

1o Savante ?

  1. Véritable. Il y a dans cette épithète matière à discussion.
  2. Il a plutôt fait les femmes pédante. Le pédantisme tue la grâce, premier mérite des femmes.