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LE RIRE

narrées ci-dessus, quand elles sont contées naïvement, que, si nous en étions actuellement témoins. Le premier sonnet de Pétrarque, qui me fait pitié, fait rire beaucoup de gens secs.


Les maris trompés dans leurs droits les plus chers


Ce qui rend si bonne et si fertile cette source du rire, c’est que difficilement un mari trompé arrive à nous sembler digne de pitié.

Vous savez que le rire ne s’arrête qu’à la vue du digne de pitié ; donc, on peut présenter sur les maris trompés, des choses beaucoup plus fortes que contre aucun autre genre de déception.

« Il nous semble laid sans en avoir compassion, dit un vieil auteur, qu’un homme soit ainsi moqué. »

Dans tous les genres de comique, dès que le ridicule arrive au digne de pitié, il est mauvais. Par exemple, c’est du mauvais comique que la pauvre vieille des Voitures versées[1], chantant :

Oui, oui, j’ai bien cinquante ans.

On a pitié d’une pauvre femme de cet âge qui a des prétentions sérieuses à accro-

  1. Opéra-comique de Dupaty, musique de Boïeldieu (1820). N. D. L. É.