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LA COMÉDIE

Plusieurs comédies ont plus ou moins tombé dans l’estime du public selon qu’il conçoit moins ou plus la possibilité d’un mieux. (Par exemple on conçoit que Philinte pourrait donner de meilleures raisons au Misanthrope contre sa manière d’être avec les hommes.

Muralt dit que toutes les fois qu’un homme affiche des prétentions, il rend sérieux.

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10 fructidor XII [29 août 1804][1].

Ceux qui écoutent une comédie ne sont pas des gens de génie. Ce sont des gens qui trouvent ridicule ce qu’ils voient, et qui lient le ridicule de l’homme à la chose, qui par exemple s’ils voyaient un Picardeau dire que la religion n’est bonne que pour le peuple, trouveraient ensuite ce propos également ridicule dans la bouche de Montesquieu.

Je ne sais si l’on peut en croire Voltaire, mais il dit que les ridicules dont Pascal dans ses lettres provinciales affuble les Jésuites appartenaient également à la plupart des autres moines, et cependant l’on sait le tort que ces lettres firent

  1. Feuillet détaché de R. 5896, tome 27. N. D. L. É.