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LA COMÉDIE

Cela en montrant que les motifs qui les poussent à des actions qui semblent indifférentes les pousseraient aux actions les plus odieuses, ridicules ou aimables si les circonstances les leur présentaient à faire.

2o À montrer les vicieux malheureux, et les vertueux heureux.

*
Le 24 thermidor, an XII[1]. [12 août 1804].

Une comédie étant un plaidoyer tendant à faire reconnaître au spectateur que l’auteur de telle action est aimable ou haïssable, elle devient ennuyeuse pour lui dès qu’elle lui prouve une chose dont il convient entièrement.

Pour faire une comédie digne d’un grand succès il faut donc

1o Choisir des caractères dont la bonne compagnie ne soit pas encore entièrement désabusée et qui tiennent au fond des mœurs de la nation.

2o Donner aux personnages autant d’esprit que possible à l’erreur près qui fonde leur ridicule.

  1. Cette page se trouve à Grenoble au tome 17 de R. 5896. N. D. L. É.