Page:Stendhal - Molière, Shakspeare, la Comédie et le Rire, 1930, éd. Martineau.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE 11



Le but moral est une bêtise des Laharpe. Le seul but est de faire rire. Dans toute comédie, où l’on admet une habitude de l’âme vicieuse, cette habitude doit faire tomber le vicieux dans le plus grand malheur de cette habitude vicieuse. Vivre avec cinquante mille livres de rente et une laide femme est un bonheur pour l’avare, malheur pour le jeune homme tendre.

Le mot vicieux est trop fort. Le vicieux produirait l’indignation chez les spectateurs. Je parle d’une manière répréhensible de chercher le bonheur.

Exemple : toujours la comédie classique de l’École des Femmes et le personnage d’Arnolphe.

Il y a l’habitude d’âme répréhensible de chercher le bonheur dans l’action d’être marié, et cependant de n’être point cocu. Il est conduit par ce qu’il fait pour arriver à son but précisément à être cocu, et en herbe, ce qui est la perfection du genre et bien plus difficile qu’après la cérémonie.