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CHAPITRE 5

Le Bon ton



Duclos (1.165) dit :

« Dans les hommes qui ont le plus d’esprit, le [bon ton] consiste à dire agréablement des riens, et à ne pas se permettre le moindre propos sensé si l’on ne le fait excuser par les grâces du discours ; à voiler enfin la raison, quand on est obligé de la produire, avec autant de soin que la pudeur en exigeait autrefois, quand il s’agissait d’exprimer quelqu’idée libre. L’agrément est devenu si nécessaire (1750) que la médisance même cesserait de plaire, si elle en était dépourvue. Il ne suffit pas de nuire, il faut surtout amuser[1]. »

Loin de me fâcher de cela comme Duclos, je le trouve parfaitement pensé. Qu’est-ce en effet que la société ? Je parle de celle qui existait en 1770 dans le salon de Mme du Deffant. C’est l’art de faire que des hommes rassemblés, et indifférents les uns pour les

  1. Il est évident que les deux Chambres et les appels à l’opinion publique qui en sont la suite étranglent le bon ton d’une nation. (Note du manuscrit R. 5896, tome 25.)