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LA COMÉDIE

châtrés, fiers de manquer d’un des premiers moyens de bonheur.

2o Le rire par l’effet naturel du ridicule moissonné sur la personne plaisantée.

La plaisanterie de cette seconde espèce est un genre de gaîté où il n’y a rien d’âcre. Le vrai et profond comique au contraire est toujours à côté de quelque chose d’âcre. Pour peu que l’auteur s’oublie, ce comique peut jeter le spectateur dans des sentiments haineux. C’est un des défauts de l’Églantine dans les Précepteurs par exemple.

Le vrai comique est un fruit délicieux, qu’il faut cueillir sur un arbre épineux dont les feuilles et les piqûres sont un poison violent.

Les pauvres poètes comiques, en tant que connaisseurs de l’homme meurent presque tous empoisonnés par la mélancolie, Molière, Dominique dit-on, Chamfort.

Celui qui fait une plaisanterie se rend momentanément inférieur à ceux devant qui il la fait, et il ne peut nier que son sort ne dépende du jugement qu’ils vont porter.

Louis XIV fit une seule plaisanterie en sa vie. Voici ce que M. de Lévis dit dans ses souvenirs, page 26.

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