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LA COMÉDIE

Qu’on inspire le respect à l’âme des spectateurs par le caractère du jeune Horace, par une symphonie sublime, par le sombre péristyle d’un temple immense, par un tableau montrant Brutus envoyant ses fils à la mort, les moyens seuls sont différents. L’âme a été conduite au respect, suivant les lois de cette affection, lois qu’une âme sensible découvre en se soumettant à l’action de tous les arts, et écoutant ce qui se passe en elle.

La caricature montrant un mari chargé du petit chien qui s’échappe, du parapluie, de la petite fille etc., etc., fait rire de la même manière que telle situation comique de Molière, ou que dans un ballet comique un important qui en voulant faire de la dignité tombe et se casse le nez.

[Je désire me faire une idée nette du comique qui est cause du rire. Je veux que cette idée comprenne toutes les espèces de rire.

Je désire avoir une idée semblable du sourire et du sublime. Je mets sublime parce que l’effet produit par cette qualité

    les yeux fixés sur l’âme du spectateur, comme les canonniers ont les yeux fixés sur la butte. Ils m’estiment… » etc. Et Beyle ajoute en marge : « Bravo ! Corollaire de l’observation précédente. Vous voulez émouvoir le spectateur. Il faut connaître ses mœurs. Molière cherchait à plaire au parterre. Lee sots veulent plaire à la postérité, mot vide de sens inventé pour consoler la médiocrité. Qui peut deviner ce que sera la postérité ? » N. D. L. É.