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JULIUS CÉSAR

libre ; dans ce moment le salut du peuple consiste à écraser les partisans de la tyrannie, et salus populi suprema lex esto. »

Acte V. — L’entrevue est puérile. Ce qui suit faible. Brutus et Cassius ont dû se dire mille fois ce qu’ils disent. On voit trop l’homme, le disciple de tel ou tel philosophe, et pas assez le général. Ils devraient agir avec plus de chaleur, ils manquent de verve. L’absence de la philosophie donne un air d’actions et de succès à Antoine et à Octave. Leur petit différend montre des gens qui s’occupent de leur affaire.

Toute la fin manque de la chaleur et de la rapidité indispensables dans les actions de gens qui se battent. On n’y voit rien des dispositions d’une bataille. Les deux chefs ne s’entendent pas puisque Cassius ne sait pas que Brutus est vainqueur de son côté. Cassius se tue contre toute raison, c’est l’action d’un homme qui n’a plus de ressources et qui a tout à fait perdu la tête. Cassius et Brutus ont une philosophie déplacée au milieu d’un combat.

Il nous semble que la philosophie qui apprend à se tuer dans un danger, qui familiarise avec l’idée qu’on peut se tuer sans peine en toute occasion, coupe l’esprit de ressource. L’idée de se tuer étant très simple se présente sur-le-champ, saisit l’esprit avec force, empêche de com-