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JULIUS CÉSAR

César mort, ils s’amusent à faire une leçon de philosophie. Mais Louis [Crozet] dit que Shakspeare a voulu être fidèle à Plutarque et mettre l’histoire en dialogue. Il a bien conservé la physionomie tendre et mélancolique de Brutus et le caractère réfléchi de Cassius.

Il valait mieux selon moi que Shakspeare fît une conjuration, aussi bien qu’il aurait pu l’inventer en conservant la physionomie ci-dessus à Brutus et à Cassius, en leur faisant faire quelques réflexions philosophiques après la mort de César, pour bien prouver la passion qui les avait fait conspirer. Je pense de plus que si ces deux Romains revenaient à la vie et lisaient Plutarque, ils se plaindraient de lui et se moqueraient de nous qui ne voyons dans une conspiration que ce qu’y a pu apercevoir un vieux philologue à caractère doux à qui les leçons de philosophie qu’il donnait aux jeunes Romains étaient, disait-il, le loisir d’écrire l’histoire.

On peut voir ce que Shakspeare eût pu faire par les deux mots par lesquels il peint Cicéron et qu’il a trouvés, ou au moins choisis.

Jusqu’à présent, nous sommes mécontents de cette pièce.

Les conjurés agissent comme des niais à l’égard d’Antoine.