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LE MARCHAND DE VENISE[1]




Il y a une très bonne scène de tendresse voluptueuse et gaie entre Jessica et son amant, il y a une répétition de la même tournure pleine de grâce (1re scène du 5e acte).

Antonio est un bon caractère de marchand obligeant. Gratiano est un homme aimable, mais d’une manière bien plus élevée qu’un aimable français. Par exemple la tirade de


Let me play the fool with mirth…


est de la gaîté annonçant le bonheur, gaîté qui parmi nous friserait le mauvais ton car ce serait montrer soi heureux, et parler de soi. La vraie gaîté française doit montrer aux écouteurs qu’on n’est gai que pour leur plaire. Gratiano annonce trop de fermeté pour ne pas faire songer qu’il pourrait être incommode. Il voit les

  1. Toutes les pages suivantes écrites du 8 au 13 avril 1811 se trouvent dans R. 5896, tome 7, pp. 239–246. N. D. L. É.