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LE TARTUFFE

Une scène de séduction nous aurait montré comment Tartuffe s’y est pris pour arriver au point où nous le voyons.

Il convierait Orgon à quelque mauvaise action ; les anciens principes d’honneur s’opposant, chez un sot, aux suggestions d’un homme de beaucoup d’esprit qui les surmonte avec le langage mielleux de la dévotion et par les maximes de la religion, formaient une scène du plus haut comique.

Pour faire rire, de temps en temps, Tartuffe serait arrêté court, un instant, par un argument jaculatoire d’Orgon, une question, etc. Cette scène dans L[etellier] est bonne, mais bien moins comique puisque L[etellier] n’est pas un homme éminemment dévot comme Tartuffe.

Voilà deux objections qui me semblent dignes de la pièce :

La première qu’il fallait nous montrer Tartuffe en danger, par le moyen du vieil évêque, si l’on veut, à qui Orgon aurait fait confidence des maximes à lui inspirées par Tartuffe, maximes dont le vieil évêque s’effaroucherait.

La deuxième qu’il fallait nous montrer Tartuffe exerçant son métier, c’est-à-dire séduisant Orgon.

Les défauts de la pièce sont : 1o d’être un peu froide, une des causes c’est que l’action marche lentement.