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ment même, et non pas ce qui est prudent ; cet homme n’est pas fait pour la civilisation qui règne depuis 1830 : l’argent et les moyens légitimes et prudents d’en gagner ; aussi est-il jaloux des pays du Nord, il s’écrie qu’on le traite en paria.

— Mais pensez-vous à l’argent toutes les deux minutes ? lui répond-on.

— Vous sacrifiez les vins à l’intérêt du fer, réplique-t-il .

A cela pas de réponse.

Un bon père de famille, qui a un fils d’une faible santé, augmente la dot de ce fils afin qu’il puisse se tirer d’affaire dans le monde. Ce n’est pas ainsi, il faut l’avouer, que le gouvernement en agit avec Toulon et Bordeaux.

En 1836, la Chambre a voté un grand nombre de millions pour des canaux et des chemins ; soixante millions ont été affectés au Nord, dont le caractère anglais et prudent s’aide si bien soi-même ; douze seulement ont été donnés au Midi <ref>[Un négociant de Bordeaux me dit «l’Etat vient de dépenser 369 millions pour faire 600 lieues de canaux et le Midi n’a rien eu de tout cela.]<ref>.

Les routes du Languedoc, si magnifiques du temps des états, se dégradent ; les ports se remplissent de sable. La navigation devient plus difficile dans les rivières du Midi. Aucun ministre n’a eu le temps ni le