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coup d’intérêt une brochure intitulée : la Destruction du couvent de Bajano à Naples ; j’étais seul dans le cabinet littéraire, qui ferme à sept heures et demie ; la chandelle ne brûlait que pour moi mais le propriétaire, voyant l’extrême attention avec laquelle je lisais, a attendu jusqu’à neuf heures pour me parler de la clôture du cabinet. Remarquez que sa chandelle brûlait ce qui, en province, est une grande considération. Je ne savais, en vérité, comment témoigner ma reconnaissance à ce monsieur, je n’ai pas osé hasarder la pièce de vingt sous, sous prétexte de la dépense faite uniquement pour moi la théorie me dit que j’ai mal fait, mais j’aurais eu trop de vergogne si j’avais offensé cet aimable Languedocien.


Sijean, le 14 septembre 1837.

Le soleil allait se lever lorsque je suis arrivé à Narbonne, dont j’apercevais depuis longtemps la haute tour se détachant sur l’aube du matin. Cette ville m’intéresse. Autrefois je rencontrais dans une maison le savant M. Fauriel, l’académicien de France peut-être qui ment le moins, et le